An (el silenci) (2003)

An (le silence) est un spectacle structuré comme un poème, suivant les lignes qui nous a procuré le texte de Jean Cocteau “Visite”, du livre “Discours de Grand Sommeil”. Écrit

pendant la première grande guerre, le texte explique la visite d’un homme déjà mort au front de la guerre. Encore dans un état spécial de passage, profite pour visiter quelqu’un d’aimé, peut-être lui-même.

An est un espace à être habité, une place où les références sont les autres corps et la trace qu’ils laissent. Un jeu entre les individus de ce groupe qui ne souviennent presque pas de

pourquoi ils sont où ils sont. An, un nom, le visitateur et la mémoire. Un personnage qu’on reconnaît dans chaque interprète en scène.

“Il me faut t’annoncer une grande nouvelle : je suis mort.

Ce matin je peux parler avec toi parce que tu es somnolent.

Parce que tu es malade, parce que tu as de la fièvre.

Pour nous la vitesse est assez plus importante que pour vous…

Je ne parle pas de la vitesse qui se déplace d’un point à un autre, mais de la vitesse qui bouge

pas.

De la vitesse elle-même…”

Jean Cocteau

 

An (le silence) est un spectacle où il y a un particulier rencontre entre le langage de Mal Pelo, María Muñoz et Pep Ramis, et celui de Andrés Corchero. C’est aussi le rencontre entre deux compagnies avec une trajectoire de travail de plus de quinze années.

Quand on a établi le dialogue entre Mal Pelo et Andrés Corchero, on avait l’intuition que on partageait un regard poétique à propos du temps et l’utilisation du silence, un espace de perception qu’on a voulu revisiter ensemble. Maintenant, après le processus de création, je voudrais continuer à habiter cette place qui n’appartient à personne, parce qu’il est commun fragile et changeant.

La collaboration avec Steve Noble – musicien – et le compromis et définition des interprètes font de An un travail particulier, certainement délicat, nu.

Pep Ramis

Mal Pelo